Je crée une nouvelle rubrique sur le site que j’intitule “Bavardages”. Vous y trouverez des textes que j’ai écrits quand l’idée a commencé à germer de créer un blog d’écriture. Ce sont des récits qui abordent de façon humoristique des questionnements qu’on peut se poser à un moment ou à un autre de sa vie ou juste des délires qui prennent place dans ma tête et qui ont envie de sortir 🙂
Bonne lecture!

La vache! J’ai 40 ans! C’est dur… je n’aurais jamais cru que ce passage soit aussi pénible. On entend toujours parler de la femme qui atteint son épanouissement optimal à 40 ans. Son plus bel âge! Son apogée sexuelle! Elle se sent plus forte, plus belle, plus affirmée, plus sexy, elle rayonne! Ben pas moi. Je me sens plus fatiguée, raplapla, comme ternie par le temps qui s’échappe le long du sablier de ma vie…
– Hé ho! Non mais ça va pas? Qu’est-ce qui te prend de parler à ma place? Pour qui tu te prends???
Désolée, je voulais juste expliquer où on en était dans notre vie, qu’atteindre 40 ans n’est pas une étape anodine et que ce n’est pas aussi facile à aborder qu’un changement de tenue.
– Mais je ne t’ai rien demandé! Et puis ce n’est pas notre vie, c’est ma vie. MA. VIE. A moi, et rien qu’à moi! Capisce? Allez ouste! Sors d’ici!
Excusez-moi, je suis vraiment confuse, je ne m’attendais pas à ce qu’elle prenne ma place comme ça. C’est très gênant. D’habitude elle est plutôt discrète et ne s’adresse qu’à moi. Je ne pensais pas qu’elle oserait un jour s’exprimer comme ça en public. C’est vrai que j’ai du mal à la faire taire parfois, au point où elle sème le doute dans mon esprit par moments, mais de là à ce qu’elle s’adresse à vous comme ça… c’est une première!
Enfin, je parle, je parle, mais je ne me suis pas encore présentée. Je m’appelle Maya. Oui, comme l’abeille. C’était déjà pas facile à porter à l’école, alors imaginez à près de 40 ans! – Salut, moi c’est Maya, et toi? « Moi c’est Tom. Alors comme ça tu est petite, espiègle et malicieuse? » – Et toi tu es né sur les bords du Mississippi? « Hein? » – Rien, laisse tomber…
J’ai donc 40 ans et celle qui vous a parlé tout à l’heure c’est ma voix intérieure. Vous savez, celle que l’on a tous dans la tête et qui se manifeste quand on ne lui a rien demandé? Ben voilà, celle-là même.
C’est assez dingue parce qu’avant je pouvais vraiment lui faire confiance. Elle m’a plus d’une fois tirée de situations incongrues et évité de me mettre dans le pétrin et sortant son radar-à-situations-merdiques.
Je me souviens d’une soirée entre copines, avec Valentine et Sarah. J’étais encore à l’université, et on était sorties pour boire un verre et faire la fête, comme tous les jeudi soirs. On attendait notre tram, en grelotant tranquillement quand nous sommes accostées par deux magnifiques spécimens, trop beaux pour être vrais. Genre Brad Pitt et Ian Somerhalder lors d’un shooting photo pour Vogue. Ils commencent à nous demander comment on va, si on a des plans pour le soir et nous parlent d’une soirée super branchée du côté des Halles Saint Géry. Moi je commençais à trouver ça un peu louche: je les trouvais un peu insistants avec leurs regards de velours et leurs mains amicales qui se posaient sur nos avant-bras, nos épaules ou qui repoussaient une mèche de cheveux. Les filles étaient subjuguées. Et ma petite voix me ressassait: « Franchement ma vieille, tu ne vas pas te laisser berner? Ok, vous êtes de jolies filles mais là c’est du haut niveau! Ces mecs débarquent de nulle part, se jettent sur vous directement, et insistent lourdement pour vous emmener à une pseudo soirée où ‘tout le monde’ sera là, dont vous n’avez jamais entendu parler? C’est un peu gros non? »
Alors, j’ai essayé discrètement de dire aux filles que ce n’était peut-être pas une bonne idée. Valentine m’a gentiment tourné le dos pour continuer à parler avec Bellâtre n°1, tandis que Sarah faisait déjà tournoyer à son index une boucle de ses longs cheveux bruns, en fondant sous le regard de Bellâtre n°2.
Je décline alors l’invitation en prétextant un autre rendez-vous et les filles s’en vont bras-dessous, bras-dessous avec les gravures de mode.
Quand je les ai retrouvées le lendemain, après être allée gentiment rejoindre le groupe habituel de copains au Cimetière d’Ixelles, elles faisaient moins les fières. Ils étaient en fait des rabatteurs pour un bar un peu glauque et elles se sont carapatées dès qu’elles ont vu la foule dopée aux hormones et au vodka-Red Bull qui les attendait à l’intérieur.
Là, j’avoue que j’étais bien contente que ma petite voix se manifeste et me fasse entendre raison.
Mais dernièrement, elle se manifeste pour un oui ou pour un non. Le moindre truc qui change de l’ordinaire est un déclencheur d’alarme stridente et paralysante. Mais merde quoi! Je ne vais pas passer le reste de ma vie à freiner chacun de mes pas sous prétexte qu’éventuellement, peut-être il y aurait un possible potentiel risque que je me plante! Je suis encore jeune, j’ai encore droit à l’erreur.
Ok, j’ai un boulot stable et le quitter pour vivre de mes passions est utopique. Ok, j’ai des enfants et tout lâcher pour faire le tour du monde en sac à dos est un peu plus compliqué que ça en a l’air sur le Guide du Routard. Ok, j’ai un mari formidable et penser à aller passer un mois seule dans un petit village des Abruzzes est un peu égoïste. Mais il y a bien quelque chose que je puisse faire d’inhabituel et de légèrement inconfortable qui ne nécessite pas à ma voix intérieure de sortir les mouchoirs et de crier à la fin du monde!
« Dis, tu ne dramatises pas un peu là quand même? Je ne suis pas si casse pieds que ça. »
– Oh toi, tais-toi!
Je disais donc, 40 ans, ce n’est pas la fin, ce n’est que le début. Il a fallu 40 ans pour que je me sente femme, mère, guerrière, vivante! Ce n’est pas pour m’enterrer sous la peur de l’échec ou du lendemain. Je ne vais pas passer les 40 prochaines années de ma vie à avoir peur du premier pas. Cette peur je la laisse à mes 20 ans, ces années de doute et de ce-sera-mieux-après. La seule chose que mes 40 ans envient à mes 20 ans c’est leur insouciance, mais elle a été remplacée par l’expérience et je pense que j’y gagne au change.
Armée de mon vécu, de mes rêves et de ma rage de vivre, je vais faire de mes 40 ans les plus belles années de ma vie! (Avant les 50 ans magiques, les 60 ans je-m’en-foutistes, les 70 ans après-moi-le-déluge et les 80 ans je-ne-suis-pas-encore-morte-et-tout-ce-qui-vient-c’est-du-bonus! Au-delà, si je suis encore en forme, je pense que j’irai vivre à poil sur un atoll des Caraïbes).
En attendant, je vais aller me servir un verre de vin.
Génial Salima
Je vais sur mes 40 ans cette année et c’est vrai que je me sens raplapla
Je vais quand même retenir et m’inspirer de la fin, je laisse tomber l’insouciance et je profite pleinement de mon expérience
Merci pour ce partage inspirant 🙏
Merci Natalya!
Ravie que tu aies pu trouver l’inspiration dans mes mots.
Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir 🙏🏼
Hé top Salima plein de fantaisies et d’originalité ! J’adore ce que tu décris quand on dépasse le cap des “sexygénaires” comme je dis, on s’en fout de tout et de mieux en mieux dans sa peau et dans son âge ! c’est très réel …
Félicitations, Salima. J’ai beaucoup aimé. Tu as une superbe plume ! Ton texte est raffiné. C’est drôle sans être exagéré, c’est fin, c’est captivant. Le style d’Agnès Ledig, Virginie Grimaldi, etc. Je suis fan. Vas-y, je te suis !!
Bisous. Eveline
Top moi j ai la 50aine et dans ma tête c est toujours l ébullition de la jeunesse. J’aime beaucoup ce que tu écris
J’adore! Vraiment rafraîchissant ! Le choix du prénom de Maya m’a fait sourire vu que c’est mon surnom mais au-delà, je retrouve bien ma sœurette 😍 bravo ! 👏👏👏
J’adore 😊
Merci Catherine! 🙂
Chère Salima,
Je me suis régalée en te lisant…Quelle vérité et quelle fantaisie. Où est la suite !…
Merci Sophie! Tu me fais un immense plaisir 🙂
J’ai envie de te dire… la suite au prochain numéro! 😉
Bises!
Génial Salima! J’ai adoré. Surtout continue à nous enchanter avec tes écrits. Bisoux, M
Merci Michèle! Hâte de continuer à t’enchanter 🙂
Coucou Salima,
Je te félicite d’avoir passer le cap de la publication. Youhou!!! Tu l’as fait!!!!!
K
Je vais me faire un plaisir en te lisant.
J’adore l’idée de la petite voix !
Bises 😘 😘 😘
Merci Nath!
Je suis super contente que mon texte te plaise 🥰
Bisous!
Coucou Salima.
Bravo pour ton site et ton écriture!
Je suis fière de toi…comme toujours.
Genial ton texte sur la quarantaine ..et tellement vrai…quand on l’a largement dépacée.
Continue comme ça et régale nous avec d’autres textes et nouvelles.
Bises
Ah ma petite voix intérieure :)) j’aurai 40 ans dans qqes semaines en quarantaine en plus . Adieu mes rêves de grosse mega teuf du siècle, de voyage sur une île déserte au bout du monde… Je suis mi-vieille comme le fromage (mais je ne pue pas au moins ). Certes, les rides se creusent discrètement sur mon front, au coin de mes yeux amande, à la commissure de mes lèvres pas encore botoxees mais du haut de mes 2×20, jai plus confiance en moi (le vrai moi hein pas une façade de pacotille), je n’ai plus besoin de faire plaisir à tt le monde pour être acceptée… bref je m’assume :)) alors Salima buvons à notre santé et à tous nos beaux projets partagés! Ensemble on a plus de 80 ans d’expérience 😉
Oui, assumons fièrement! Et vive nos beaux projets. Nous ne les aurions pas réalisés avec moins d’expérience 😉
Santé Val!